La notion de petit patrimoine rural est assez récente, accompagnée par une prise de conscience individuelle ou collective. Les ruines qui hérissent le territoire sont de plus en plus rares. On s’interroge sur l’esthétique et sur la fonction de certaines d’entre elles. La mémoire des pierres est sollicitée, les souvenirs resurgissent et une volonté de “sauvetage” s’impose.
C’est en raison de cette prise de conscience que je me suis intéressé, voici quinze ans, au moulin à vent de Longeville sur Mer.
A quoi servait-il? Était-il seul guetteur sur cette ligne lumineuse qui sépare la plaine du marais Vendéen. L’esthétique dépassait-elle les symboles dont la silhouette s’était parée avec le temps? Parviendrais-je à lui redonner son allure d’antan, cette beauté fonctionnelle dont j’imaginais qu’elle était aussi un des principes qui avaient motivé ses bâtisseurs? Pour tenter d’y répondre, je me suis lancé dans l’aventure.
Celle-ci a commencé sur le site du moulin par d’interminables séances de débroussaillage et d’élagage qui finissaient souvent à la tombée de la nuit, l’occasion pour moi de croiser le vol du hibou qui avait élu domicile dans la tour.
Dans un deuxième temps, je me suis attaqué aux problèmes de maçonnerie. Cela a consisté à consolider le corps du moulin, à en reboucher les innombrables fissures et à colmater les brèches rendues béantes là où on avait prélevé les poutres de la structure afin de les réemployer dans d’autres constructions alentour.
L’étape suivante, la plus noble, a été celle de la reconstitution du mécanisme d’écrasement du grain, et de sa fabrication sous le regard expert de Messieurs Croix, père et fils, qui ont œuvré dans leur entreprise. Confier le destin du moulin aux mains savantes fut pour moi une aventure extraordinaire basée sur la confiance et l’intégrité de fabuleux compagnons.
Puis vint le jour où le moulin retrouva ses ailes, écrasa les premiers grains de blé et livra sa douce farine au public ébahi.
Un rêve venait de se réaliser.